mardi 13 mai 2014

15eme PARTIE Note sur Jeanne Truyens et de FETISSOFF WITTOUCK

15eme PARTIE Note sur  Jeanne Truyens et de FETISSOFF (Orthographié Fitisoff) Wittouck (orthographié Wittock)



Nicolas Fetissoff, que les aviateurs surnommeront "the mad Russian" (le Russe fou), est né à Novotcherkask (Russie) en 1906. C'est probablement un Russe Blanc qui a fui après la révolution communiste. Ingénieur Agronome de l'UCL et assistant à l'université en faculté d'agronomie, il épouse en 1935 Suzanne Bertherand, alias "Claire", qui est née à Croix (France) en 1910 de nationalité belge et est employée dans les assurances. Ils vont habiter à Kessel-Lo, puis plus tard au 111 Rue de Paris à Evere. Leur dossier britannique cite aussi le n° 43 Rue Capouillet à Saint-Gilles. En 1936 leur naît un fils : Alexis. Le couple est en contact avec Vania Gristchenko et est connu à l'université et parmi la communauté belge des Russes Blancs. Proposés par Gristchenko, ils sont recrutés directement par Dezitter en avril 1944, quand Nicolas Fetisoff perd son boulot suite à de l'asthme. Il remplace alors Nootens comme chauffeur. Comme sa femme Suzanne perd également son emploi, on pense qu'elle aussi pourra être utile (elle le sera, sous son pseudo de "Claire") pour les contacts avec la résistance belge. Le couple aurait déjà travaillé pour deux officiers allemands en 1941 ou 1942 (dixit Dezitter lors de son procès) et avait divers contacts avec les services allemands et des VLeute. Des évadés l'entendent parler en allemand et le décrivent souvent affublé d'un tissu noir sur le pouce droit. Non enregistrés comme agents de l'Abwehr, Rudolf Kohl leur paie néanmoins leur salaire mensuel. Le couple n'a jamais été retrouvé après sa fuite en Allemagne avec leur fils. Après s'être cachés à Würzburg, ils partent à Berlin, puis à Lübeck, où l'on perd leurs traces. 


5- L'AFFAIRE WITTOUCK (orthographié Wittock)

Il y a en Belgique sept camps de prisonniers soviétiques : six au Limbourg et un dans les Ardennes. Les évasions deviennent fréquentes en 1944 et une unité est formée, qui s'appelle la "Brigade Soviétique Pour la Patrie". Ces unités sont en contact avec le Front de l'Indépendance (les Partisans Armés) et l'Armée Secrète. Le milieu tsariste les aide en Belgique via le Mouvement des Partisans Russes en Belgique ou Beweging der Russische Partizanen in België de Ielena Palovna Sjtsjerbatova épouse Wittouck, Piotr Krylov et Andreï Slekar. Ils ont besoin d'armes pour créer le deuxième front imaginé lors de la libération prochaine.
Mme Wittouck est contactée par Dezitter en mai 44, qui leur promet des parachutages d'armes et de munititons. Elle connaît Maria Indersteghen, infirmière à Louvain, une connaissance du chimiste Ivanow, actif dans la résistance au Limbourg et lui-même connaissant Fetisoff. Mme Wittouck rencontre ce dernier par hasard avec Ivanow et Indersteghen à l'Hôtel Vogelbank à Hasselt, d'où un rendez-vous est pris avec Dezitter pour une rencontre entre lui et Mme Wittouck dans le bureau de cette dernière.
Dezitter utilise divers stratagèmes pour localiser les prisonniers évadés, mais il n'est plus soutenu par un Abwehr démotivé. Ayant promis des parachutages, il demande de désigner trois zones de largage de matériel dans chaque région. En toute logique, ces zones devront être proches des refuges de ces prisonniers évadés. Prudente, Mme Wittouck ne lui remet qu'une zone par région. Dezitter promet aussi de l'argent et des timbres de rationnement. Il avertit encore Mme Wittouck d'un danger d'arrestations et de la nécessité de déplacer les prisonniers cachés, promettant l'envoi de camions pour les déplacements, véhicules qui n'arriveront jamais. Les camions auraient été fourni par les Allemands, bien entendu. Il n'est pas appuyé par ses chefs et perd ainsi la confiance de Mme Wittouck.
Nootens reçoit ici encore de Dezitter la mission de filer Mme Wittouck-Sjtsjerbatova, mais l'action échoue. Elle habitait au 21 Boulevard de Waterloo à Bruxelles.
La libération empêche des arrestations en masse parmi ces Russes. C'est alors que Dezitter introduit chez Möhring une plainte au sujet de Kohl qui ne l'avait pas appuyé dans cette tentative d'infiltration.
Des arrestations indirectes ont cependant lieu. Mme Wittouck a mis Fetisoff en contact avec Blandine Devries, qui cachait des aviateurs alliés. Suzanne Bertherand vient la voir sous le pseudo de "Claire" et promet d'évacuer les trois aviateurs que Fetisoff vient chercher pour les conduire au Chenil de la Rue Forestière. William Sink avait été logé 83 jours chez le Suisse Paul Calame au 71 Dieweg à Uccle. Les deux autres sont quasi certainement Wallis Cozzens et William Ryckman.
Le 1st Lt William Ryckman déclare dans son rapport d'évasion, E&E 1591, que : " ... Ils virent là le chef [Dezitter] payer un homme en francs belges – ne parlait pas anglais, cheveux blonds, environ 40 ans, environ 5’9” et 160 livres. Le chef se plaignit au sujet de payer de l'argent mais ils observèrent qu'il recevait des reçus numérotés. Le Russe et sa femme [Les Fetisoff] restèrent là toute la nuit. Cette nuit, ils parlèrent avec le chef et il dit comment "Jacqueline" et lui avaient été dans la campagne pour des "réceptions". Il était question d'un avion allemand qui larguait et de lui qui avait presque été capturé. Il déclara que les communistes avaient volé une partie du matériel alors largué et l'avaient enterré pour leur propre usage. Le chef (Dezitter) leur expliqua qu'il avait passé une partie de sa vie en Inde, qu'il avait été à El Paso, Texas, et au Canada. Il avait l'air de connaître suffisemment le Canada que pour faire croire aux Canadiens qu'il était Canadien. Il raconta une histoire d'être un agent britannique."

Par après, Fetisoff conduit encore Devries en France, mais ils se font arrêter. Kohl parvient à les faire libérer, mais Blandine Devries perd toute confiance et cesse toute activité. Elle a toutefois indiqué à Bertherand le nom de Jeanne Truyens, qui fait partie du groupe de Foulon.

6- L'AFFAIRE FOULON

Louis Foulon était président de la chambre francophone de commerce. Il utilise ses facilités diplomatiques pour transporter du courrier d'espionnage de Bruxelles à Vichy. C'est la ligne Rochus du réseau français Mithridate. La GFP voulait déjà l'arrêter en 1943, mais il fut laissé libre pour ne pas endommager les relations entre Berlin et Vichy. Accessoirement, ceci montre bien que ce réseau du BCRA français est donc bel et bien aussi sous surveillance.
Jeanne Truyens, courrier de la ligne Rochus, entend parler du laisser-passer de Blandine Devries et s'intéresse à cet aspect. Devries présente donc "Claire" (Suzanne Bertherand épouse Fetisoff) à Truyens au Bois de la Cambre. Sa ligne était alors arrêtée et il lui restait deux aviateurs américains à faire passer en France. Dezitter organise alors le repêchage de ces deux aviateurs par les Fetisoff dans un marché au poisson de Bruxelles.
Ces deux aviateurs eurent l'occasion d'écrire une lettre d'apaisement à leurs anciens logeurs, et de revoir Jeanne Truyens la veille de leur départ "pour l'Angleterre". Grâce à ce subterfuge, Truyens présente "Charles" à "Claire". Il devrait s'agir de Jean-Baptiste Henry, et non de Charles de Hepcée, le patron de Rochus qui est en France à ce moment et sur le point d'être arrêté. Henry est un collaborateur direct de Louis Foulon. Le général von Falkenhausen n'étant pas disponible, Kohl demande l'avis de l'ambassadeur allemand. Ce dernier est d'accord de les couvrir si nécessaire et Möhring décide de l'arrestation de Foulon.
Louis Foulon est arrêté le 22 août et est libéré dans le train fantôme, tout comme Jeanne Truyens et son mari qui avaient été arrêtés le 28 juillet. Lors de son interrogatoire, Truyens apprend que "Claire" l'avait piégée.
Ces deux aviateurs de l'affaire Foulon qui sont restés un certain temps au Chenil, font également partie des rescapés du train fantôme. Il pourrait bien s'agir - par élimination - de Robert Auda et Thomas Smith. Mais cela n'est pas encore vérifié, car les rapports de Auda et Smith sont tout bonnement vides de renseignements.

SOURCE Evasioncomete.

























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