samedi 10 mai 2014

10eme PARTIE LA RUE FORESTIÈRE LE CHENIL 1943 1944

10eme PARTIE

LA RUE FORESTIÈRE LE CHENIL


Début 1944, tous les services de renseignements allemands du RSHA (Reichssicherheitshauptamt) deviennent dépendants du parti nazi. Tous les officiers et militaires de l'Abwehr perdent donc leur grade. Tout le monde a compris que la guerre est perdue pour l'Allemagne, et que ce n'est qu'une question de temps. Le nouveau Fak 307 (Frontaufklärungskommando) de Belgique et des Pays-Bas remplace la SiPo (Sicherheitspolizei) et l'Abwehr militaire. Ce Fak 307 dirige des Frontaufklärungstruppen dont le Fat 362 (Brabant-Hainaut-Limbourg) de l'ex-major Johann Möhring. Dezitter reste encore attaché à son agent traitant Kohl, démotivé. Les gens n'étant plus systématiquement arrêtés, Rudolf Kohl sera même dénoncé à Johann Möhring par Dezitter dans un rapport.
Quant à leurs complices de 1943, ils déménagent à la Rue Lincoln à Uccle tout en changeant de pseudo, Charles Jenart devenant "Albert Goffinet" et Jean-Marcel Nootens "Cambier". Ils quittent le groupe de Dezitter et sont employés ailleurs. Nootens sert cependant encore de chauffeur à deux à ou trois reprises pour Dezitter dans la présente affaire du Chenil. Il semblerait que ce soit lui qui prend en charge Hugh Bomar et Ray Smith à Isières le 24 août [cheveux gris, forte corpulence et lunettes de corne, très propre et costume gris cher], probablement parce que le nouveau chauffeur, Nicolas Fetisoff, est alors occupé à régler le ramassage de Lancelot Bodey, N. Beamish et Theodore Kleinman à Leuze et Basècles. Nootens est aussi chargé de la filature de Mme Wittouck, comme nous le verrons plus tard.
Florentine Giralt, devenue "Mme Winter" ou "Jacqueline" déménage d'Auderghem avec son fils Serge. Leur maison au 16 de la Rue Forestière à Ixelles (Bosstraat in Elsene) est louée au nom de Vania Gristchenko et payée par le Fat 362. A partir de février 1944, on relance les appâts via d'autres personnes de bonne foi. Le Chenil n'aura plus la dimension du Pensionnat de Woluwé. Les nouveaux complices, encore inconnus des autres intervenants, sont Vania Gristchenko et Nicolas Fetisoff époux de Suzanne Bertherand, qui prennent le relais de Jenart et Nootens.
Giralt s'y entoure de quatre chiens : un bâtard, deux terriers écossais et un berger allemand. Ces quatre chiens, et un chat noir, donneront l'idée aux aviateurs en cavale de surnommer cette maison "The Dog House", le chenil.


Nicolas Fetissoff, que les aviateurs surnommeront "the mad Russian" (le Russe fou), est né à Novotcherkask (Russie) en 1906. C'est probablement un Russe Blanc qui a fui après la révolution communiste. Ingénieur Agronome de l'UCL et assistant à l'université en faculté d'agronomie, il épouse en 1935 Suzanne Bertherand, alias "Claire", qui est née à Croix (France) en 1910 de nationalité belge et est employée dans les assurances. Ils vont habiter à Kessel-Lo, puis plus tard au 111 Rue de Paris à Evere. Leur dossier britannique cite aussi le n° 43 Rue Capouillet à Saint-Gilles. En 1936 leur naît un fils : Alexis. Le couple est en contact avec Vania Gristchenko et est connu à l'université et parmi la communauté belge des Russes Blancs. Proposés par Gristchenko, ils sont recrutés directement par Dezitter en avril 1944, quand Nicolas Fetisoff perd son boulot suite à de l'asthme. Il remplace alors Nootens comme chauffeur. Comme sa femme Suzanne perd également son emploi, on pense qu'elle aussi pourra être utile (elle le sera, sous son pseudo de "Claire") pour les contacts avec la résistance belge. Le couple aurait déjà travaillé pour deux officiers allemands en 1941 ou 1942 (dixit Dezitter lors de son procès) et avait divers contacts avec les services allemands et des VLeute. Des évadés l'entendent parler en allemand et le décrivent souvent affublé d'un tissu noir sur le pouce droit. Non enregistrés comme agents de l'Abwehr, Rudolf Kohl leur paie néanmoins leur salaire mensuel. Le couple n'a jamais été retrouvé après sa fuite en Allemagne avec leur fils. Après s'être cachés à Würzburg, ils partent à Berlin, puis à Lübeck, où l'on perd leurs traces.

SOURCE evasioncomete


















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